Etat actuel / Site existant / Formation

 

Introduction

Lorsque l’on a cherché quels étaient les établissements susceptibles d’être visités dans le cadre de ce thème d’enquête, il est apparu que le choix était généralement très limité ; en ce qui concerne les académies dont sont originaires les évaluations jointes, nous avions en tout et pour tout, deux expériences « visitables » sur Rennes, celle choisie étant la plus significative, une seule possibilité sur Rouen et sur Strasbourg, une expérience assez riche sur Nice ; les réponses reçues de La Réunion confirment la faible pénétration du réseau internet.

Les lycées et collèges concernés semblent présenter comme caractéristiques communes d’avoir en leur sein un groupe plus ou moins étoffé d’enseignants ayant une longue expérience et une grande motivation dans l’utilisation pédagogique de l’ordinateur. Nous n’avons pas rencontré d’établissements pour lesquels le développement récent du réseau internet aura servi de « catalyseur », provoquant un engouement soudain des enseignants envers les TIC.

Si une évolution récente doit être signalée, il semble qu’elle concerne la demande de formation ; on a relevé que, dans les établissements visités, la présence d’un groupe actif suscite davantage d’intérêt que par le passé, et que la demande de formation des collègues s’en trouve accrue. En tout état de cause, l’effet que l’on peut en attendre sur le sujet de cette étude n’apparaîtra qu’avec retard.

1- L’état actuel des lieux

Le constat est celui d'une très faible utilisation de l'informatique dans l'enseignement des mathématiques aujourd'hui, malgré une évidente richesse des ressources logicielles disponibles et des séquences pédagogiques déjà réalisées, malgré, également, la maturité de la réflexion didactique conduite dans le cadre d'expérimentations nationales notamment.

Les causes ralentissant la diffusion des TIC sont diverses.

Causes matérielles ; la salle informatique induit un "temps long" d'utilisation, en décalage avec le rythme des séquences « ordinaires ». (temps de mise en route et d’arrêt). Le matériel, en évolution constante, est souvent disparate. Les postes permettant l’accès au réseau internet sont souvent peu nombreux et/ou en cours de raccordement.

Causes liées au personnel ; on manque de personnes-ressource. Les animateurs locaux apparaissent souvent comme des animateurs informatique de longue date, toujours enthousiastes et de grande valeur personnelle, mais n’ayant pas facilement « essaimé », en raison des multiples obstacles. La lassitude peut s'installer : trop de tâches pesantes, non reconnues sont à faire sans compensation (en temps ou en argent) pérenne.

Causes liées au manque de conviction de la part des enseignants de mathématiques :

Les "jeunes", plus enthousiastes, n'ont pas toujours le poids suffisant, ni la stabilité dans le poste, ni le temps disponible, pour entraîner les autres.

Le "rapport qualité prix" n'est pas évident : ces sont des tâches qui s'ajoutent à d'autres formes de préparations et à d'autres actes pédagogiques que l'informatique ne supprime pas (conseils de classe, correction de devoirs, relations avec les parents…

Le "gain" n'est pas assez perceptible malgré les exemples cités : gain de temps pour les équations de droite de près de trois semaines, grâce à l'usage de GEOPLAN ; possibilité d'assimiler plus rapidement des procédures de résolution de systèmes d'équations à 2 inconnues pour une bonne partie de la classe sur SMAO, laissant le professeur disponible pour les autres élèves moins autonomes…

Le potentiel d’évolution est cependant évident :

Les élèves finiront par utiliser les TIC, avec ou sans nous. C’est à l'école d'assurer une certaine égalité d'accès.

Les professeurs utiliseront peut-être l'informatique avec leurs élèves, en classe, lorsqu'ils maîtriseront ces outils pour leur usage personnel. Or les taux d'équipement individuel augmentent. On est sur la voie…

Les nouveaux outils de communication vont induire de nouveaux usages, des échanges, de la mutualisation. Par ce biais plus "naturel" et moins technique, les enseignants en viendront peut-être à des usages en classe

L’utilisation du réseau internet, en particulier, est encore très faible. Avec l’évolution actuelle, elle va se répandre très rapidement, mais il n’a pas été possible de dégager à partir des expériences observées des leçons générales, et on en reste par force à des généralités.

Effets sur la pédagogie

Ils sont très importants ; toutefois, il n’est pas aisé de séparer ceux qui tiennent à la qualité et à la grande motivation des enseignants « d’avant garde » de ceux qui découlent directement de l’usage de l’outil informatique. Quelques remarques et questions :

L’initiative des élèves est fortement sollicitée. L’ordinateur est évidemment un instrument accompagnant efficacement le travail personnel.

L’autocorrection est facilitée, ainsi (en réseau) que la comparaison entre élèves de leurs travaux. L’effet sur la vie de la classe peut être très positif.

Les effectifs des groupes observés semblent indiquer une contrainte forte ; comment mettre une classe de trente ou trente cinq élèves devant des postes, sous la direction d’un seul enseignant ? nous n’avons pas vu d’expérience de ce genre.

L’infinie variété des documents proposés sur le réseau internet n’induit-elle pas une également infinie diversité de leurs emplois possibles ? est-il raisonnable de parier sur une utilisation rationalisée ou/et rentrant dans un moule réglementé d’un outil aussi multiforme par essence même ?

2- Les documents et sites académiques existants

Malgré la qualité et le nombre croissant des documents créés, ceux-ci sont déjà redondants et encore peu utilisés. Nous n’avons nulle part vu d’utilisation effective, en situation réelle, de documents pris sur un serveur académique.

Ces deux aspects sont à relier au problème général de la validation d’un document mis en ligne. Si dans l’apprentissage des TIC, il est bien évident que l’on mettra l’accent sur des questions formatrices essentielles telles que :

- identifier la source

- évaluer la fiabilité de l’information

il n’est déjà plus matériellement possible de porter une appréciation sur la masse des documents qui circulent. Le simple fait de vouloir arriver à un « label » de qualification pour les pages d’un serveur académique prive celui-ci de la spontanéité propre au réseau. Ceci renvoie à la remarque (4) du paragraphe qui précède.

On observe peu de nouvelles formes de communication. En particulier les forums institutionnels ont très peu de succès. La messagerie et les listes de diffusion - peut-être parce que l'écriture y est plus personnelle et non régulée - semblent porteurs de plus d'échanges.

3- La formation des enseignants

On a cité des initiatives privées étonnantes et sur lesquelles il y a une forte activité d'échanges : cyber-papy pour des aides en mathématiques, et un forum pour professeurs de mathématiques de collège. De nombreuses questions et réponses apparaissent chaque jour sur ces sites.

Les initiatives académiques exploitant les nouvelles technologies pour provoquer de nouveaux types d'animation pédagogique semblent exceptionnelles.
Une académie avait mis au point pour cette année scolaire une formation originale : « usage des ressources du NET pour l'enseignement des mathématiques », organisée pour partie en présentiel et pour partie à distance : stagiaires et formateurs se contactent par messagerie, mutualisent les ressources trouvées et leurs idées d'usage avec des élèves dans un FTP, enfin affichent leurs réalisations HTML. Mais on peut regretter dans cet exemple la faible réactivité de l'institution qui n'a pu cette année offrir l'infrastructure technique du stage.
Se poserait par ailleurs, avec des stages de cette nature, la question de l'évaluation du « temps formateur », qui ne coïncide plus avec la durée des regroupements.